MUNICIPALES 2026 Aires de jeux, de pique-nique… S'il est élu maire de la capitale, Emmanuel Grégoire (PS) veut aménager les toitures. Avec une surface de 32 millions de mètres carrés, le potentiel est énorme.
Le Grand Parisien du 23 septembre 2025

Alexis Bisson
DANS une campagne municipale, il convient parfois de prendre un peu de hauteur. En ce chaud vendredi après midi de septembre, le candidat (PS) Emmanuel Grégoire a donné rendez-vous à son équipe sur les toits de la Ferme de quartier de la Salamandre, dans le XXe. Ici sur les toitures des immeubles poussent depuis 2022 tomates, carottes, pommes de terre ou encore haricots verts à destination des habitants du quartier.
Dans une capitale saturée, le projet mis en place par l'association Veni Verdi a retenu l'attention de celui qui ambitionne de devenir maire de Paris au mois de mars. Parmi ses propositions liées à la transformation écologique de la Ville, le député socialiste veut ainsi créer ce qu'il appelle « un réseau de toits partagés ». « Les toits sont un espace utile dont on ne peut plus se priver dans une ville dense comme Paris, pose le candidat. C'est l'un des grands projets de reconquête de l'espace public avec une vocation écologique, sociale mais aussi économique. »
Solaire, végétalisation, agriculture
Il faut dire que le terrain de jeu est immense: selon l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), la plus grande ville de France compte quelque 32 millions de mètres carrés de toits, soit 128 000 toitures « renseignées ». Un espace très largement sous-exploité, estime l'Apur : les toits de Paris comptent 3 500 toitures végétalisées de plus de 100 m² et 654 toitures dotées d'une installation solaire de production d'énergie.
L'Apur a par ailleurs dénombré 24 000 toitures comportant une surface plate » d'au moins 50 m² dont 2
100 avec au moins 200 m² de surface « plate » qui présentent un très fort potentiel pour accueillir des projets d'installations solaires, de végétalisation ou d'agriculture urbaine Cette première base de données révèle un potentiel important d'évolution des toits parisiens pour contribuer aux objectifs de la Ville face au changement climatique mais aussi pour améliorer le plaisir de ses habitants conclut l'Apur.
Donner accès aux toits de Paris aux Parisiens? L'idée n'est en fait pas tout à fait nouvelle Candidate à l'investiture socialiste au printemps dernier, l'urbaniste Marion Waller, qui a aujourd'hui rejoint l'équipe d'Emmanuel Grégoire, avait déjà lancé ce projet de création d'un « grand réseau de toits publics partagés ». « Sur les toits des gymnases par exemple avec des guinguettes et de la nature, avait-elle suggéré dans le « Parisien ».
Des rooftops publics
« Avec cette activation des toits, nous ferons en sorte que ces 32 millions de mètres carrés soient pleinement utiles, insiste Emmanuel Grégoire. Utiles en production d'agriculture urbaine, en production énergétique, mais aussi comme espace partagé, accessibles. Il y a un potentiel qui est extraordinairement important et encore impensé. Le candidat imagine ainsi des lieux où se développeraient des activités sociales et ludiques, pour les familles, des rooftops publics où on puisse aller pique-niquer, avec des aires de jeux, des activités associatives, sportives… »
« Longtemps, les toits n'ont pas du tout été valorisés et leur usage revient à la mode de façon spectaculaire dans l'hôtellerie de luxe, abonde Emmanuel Grégoire. On ne peut pas laisser les toits qu'à l'hôtellerie de luxe : je veux porter un droit au ciel pour toutes et tous. Les toits doivent profiter à tous et se transformer en espaces partagés, accessibles, et ouverts à de nouveaux usages »
Dans sa reconquête des toits, le candidat socialiste veut aussi s'attaquer à ce qui a fait leur renommée: le zinc. « Un matériau qui a fait l'esthétique de Paris, mais il est aujourd'hui l'un des moins adaptés, tranche
Emmanuel Grégoire. Non seulement if offre de faibles performances en matière d'isolation, mais il accentue les effets des vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes dans la capitale. Il faut tourner la page et privilégier des matériaux adaptés aux défis climatiques ».
Adieu le zinc ?
Ces «carapaces d'acier », qui recouvrent plus de 70% des immeubles parisiens, sont devenues indésirables alors que les périodes de canicules se multiplient. Car le zinc, matériau très conducteur thermiquement, contribue à surchauffer les logements.
Quelque 100 000 logements immédiatement situés sous les toits, seraient concernés.
Adieu le zinc? « Quand on dit l'abandonner, ça ne veut pas dire forcément le supprimer partout, nuance le candidat. On veut s'appuyer sur les talents des couvreurs zingueurs parisiens, inscrits au patrimoine immatériel de l'Unesco, pour transformer les toits en zinc en autre chose. Il va falloir travailler sur la matérialité, sur la couleur, pour faire en sorte de protéger les habitants. »